- Laurine Valade, notre nouvelle Technicienne in situ.
Le Conservatoire Botanique National de Martinique a accueilli dernièrement Laurine Valade, passionnée par la préservation de la biodiversité. Forte d’un parcours riche et diversifié à l’international et en Martinique, elle rejoint l’équipe pour contribuer à la conservation et au suivi des espèces végétales indigènes menacées sur notre territoire.
Au cours de cet échange, Laurine nous raconte son parcours, son choix d’orientation professionnelle, ses missions au quotidien ainsi que sa vision de la conservation in-situ. Elle partage également ses conseils pour ceux qui souhaitent s’engager dans la préservation de la nature.
Entrons dans le vif du sujet…
Bonjour Laurine et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
- Peux-tu te présenter et nous dire quel est ton parcours (formation.s/ expériences pro) avant de nous rejoindre ?
Je m’appelle Laurine Valade et je suis actuellement Technicienne de conservation in-situ au sein du Conservatoire Botanique National de Martinique (CBNMQ).
Diplômée ingénieure agronome depuis 2023, j’ai effectué ma formation à l’ISTOM, une école en agro-développement international spécialisée dans les pays tropicaux. En dernière année, je me suis spécialisée dans la gestion des écosystèmes forestiers tropicaux à AgroParisTech. Durant mon cursus, j’ai pu bénéficier d’une formation pluridisciplinaire en sciences fondamentales et agronomiques, sciences de l’ingénieur, sciences sociales, langues étrangères… J’ai eu l’occasion d’avoir une expérience professionnelle tous les ans grâce à des stages dans diverses structures (ONG, entreprise, exploitation agricole, établissement public) et diverses zones géographiques en contexte tropical (Malaisie, Mayotte, Côte d’Ivoire, Guyane). En tout, je cumule un an et demi de stage sur mes cinq années de formation.
A la suite de l’obtention de mon diplôme, en novembre 2023, j’ai décidé de venir en Martinique pour débuter ma carrière professionnelle. Avant de rejoindre le CBNMQ, j’ai occupé divers postes de chargée de mission à la direction territoriale de l’Office National des Forêts en Martinique. Les missions qui m’ont été confiées ont été variées : rédaction et révision de documents d’aménagement forestier, diagnostics agroforestiers, étude d’opportunité d’extension de la Réserve Biologique Intégrale des Pitons du Carbet, ou encore diagnostic de peuplements de Swietenia macrophylla (Mahogany grandes feuilles) dans le cœur de bien UNESCO en vue de leur renaturation.
Plus récemment, dans le cadre du projet GUYAFOR, j’ai élaboré un protocole d’installation de placettes permanentes ainsi qu’une stratégie d’échantillonnage pour l’étude de la structure, de la dynamique et du stock de carbone des forêts martiniquaises. J’ai également été amenée à coordonner une équipe de dix étudiants ingénieurs pour l’installation de placettes sur les Pitons du Carbet.
- En quoi consiste le métier de technicienne in situ ?

Laurine à son bureau.
Une technicienne in-situ est en charge de la mise en œuvre des actions de restauration et du suivi des espèces concernées par des plans de conservation (Plans Nationaux d’Action). Les missions principales de ce poste consistent concrètement à réaliser des suivis quantitatifs et qualitatifs des espèces patrimoniales (espèces rares, protégées ou menacées) sur différents sites naturels ainsi qu’à participer à des actions de réintroduction et de renforcement de populations végétales.
- Pourquoi la conservation in situ est essentielle pour la préservation de notre flore ?
La conservation in-situ est une branche essentielle de la conservation, en étant complémentaire à la conservation ex-situ. La conservation in-situ favorise la résilience de l’écosystème mais en cas d’échec, la conservation ex-situ offre une protection contre l’extinction. En effet, alors que la conservation in-situ assure la protection et la préservation des espèces dans leurs habitats naturels, garantissant le maintien des écosystèmes et de leurs processus écologiques, la conservation ex-situ permet la sauvegarde des espèces en dehors de leur habitat naturel, par le biais de mesures telles que des programmes de conservation en pépinière ou la constitution de banques de semences.
Selon moi, la conservation in-situ est essentielle puisqu’elle garantit la préservation des fonctions des écosystèmes (santé du sol, pollinisation, filtration de l’eau…) ainsi que les interactions entre les espèces.
- Pourquoi ce choix d’orientation professionnelle ?

Laurine sur le chantier de restauration de la station historique de l’Estrée de Saint-Pierre.
J’ai fait le choix de m’orienter vers le domaine de l’environnement car la préservation de la biodiversité est un enjeu qui me touche profondément. La conservation d’espèces végétales sensibles, en particulier, est un sujet qui me passionne, tant pour leur valeur écologique que pour leur rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes.
Je souhaitais exercer un métier dans lequel je me sens réellement utile, un métier porteur de sens et aligné avec mes convictions personnelles. Face aux défis environnementaux majeurs auxquels notre planète est confrontée — changement climatique, érosion du vivant, dégradation des habitats naturels — je ressens la nécessité de contribuer, à mon échelle, à des actions concrètes et durables.
Travailler dans ce secteur me permet ainsi de m’engager au quotidien pour la protection du vivant et d’apporter ma pierre à la construction d’un avenir plus respectueux de la nature.
- Quels conseils pour ceux et celles qui aimeraient s’engager sur cette voie et travailler dans la conservation ?
À celles et ceux qui veulent se lancer dans la conservation, je conseillerais d’abord de suivre leur curiosité : lire, se former, aller sur le terrain pour comprendre réellement le vivant. Les expériences pratiques (stages, bénévolat, participation à des inventaires) sont précieuses, car elles permettent de découvrir le métier de l’intérieur et de se créer un premier réseau.
Je dirais aussi qu’il faut accepter d’avancer pas à pas. Les progrès en conservation sont parfois lents, mais chaque petite action compte. Enfin, il est important de garder ses convictions comme moteur : c’est cette passion pour la nature et l’envie d’être utile qui donnent du sens au quotidien et qui permettent de rester engagé sur le long terme.
L’arrivée de Laurine s’inscrit dans la dynamique de renforcement des compétences au sein du CBNMQ. Ses connaissances en conservation in-situ et son parcours déjà riche viennent soutenir les actions engagées pour protéger les espèces végétales les plus sensibles de notre territoire.
Rédaction et crédits photos : SKF/CBNMQ.






